Page:Sainte-Beuve - Souvenirs et Indiscrétions, 1880.djvu/22

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versations de M. Sainte-Beuve à la veillée, et qu’on n’avait jamais le temps, à l’heure avancée de la soirée ni le lendemain, quand on s’était une fois remis de grand matin au travail, de fixer ou d’écrire. Il a manqué un Eckermann auprès de M. Sainte-Beuve, qui fût non pas un secrétaire toujours à la disposition du maître et sans cesse tenu par lui en haleine (ce dont je ne me plains pas), mais, comme l’autre, un véritable Eckermann, un ami qui n’eût d’autre occupation auprès de lui que d’assister, voir, donner la réplique et conserver avec amour sur le papier le récit de ce qu’il avait vu et entendu. Qu’il m’en est sorti de la mémoire, et que je ne puis plus retrouver, faute de les avoir écrites, de ces conversations de M. Sainte-Beuve ou reparaissaient des noms anciens, toujours chers à son souvenir et à son cœur ! Il nous redisait avec charme l’histoire de toutes les personnes qu’il avait connues dans le passé ; c’étaient des relations d’amitié toutes d’intérieur et du foyer, de celles qui lui avaient autrefois in-