Page:Sainte-Beuve - Souvenirs et Indiscrétions, 1880.djvu/24

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

10 MA RIOGRAPIIIE ne m’accompagna-t-il pas longtemps moi- même, tous les soirs, à une époque oii je

gelas et à y rêver. On rêve à quoi l’on peut. Je me lève, je me lave, je me promène, je cause, je déjeune, je me repose, je me promène, je recause, je dîne, je cause, je vois danser. De belles futaies, des coteaux boisés sont sous mes yeux. Mon cerveau vous reviendra reposé, repu de loisir, féroce, affamé : ayez, s’il vous plait, le Qiiinte-Cnrce de ^’augelas et ce qui s’ensuit de lui, tout prêt sur ma table. Ce grammai- rien va essuyer ma première bordée. — Je plaisante, mais je vous regrette. — Tout à vous, mon bon et cher ami. Sainte-Beuve. » L’autre lettre est à l’occasion de la mort de ma mère; j’étais à Montpellier : (c (Ce 16 septembre 1864). — Cher amj, j’allais vous répondre et vous remercier de votre bonne lettre et des détails qu’elle contient, lorsque je reçois la ter- rible dépêche. Il n’y a rien à dire pour de tels coups, et la nature ne veut ni consolation ni allégement. Le partage de la douleur est le seul adoucissement ; re- venu , comme vous l’êtes, au sein de votre famille, vous avez cette satisfaction dernière, et je désire, ap- prendre de vous qu’un moment de suprême connais- sance comme en ont les mourants aura averti votre mère de votre présence si désirée. Jouissez tristement, cher ami, de ces jours de deuil et de loisir. — Nous avons tous ici été bien touchés de votre départ dans ces circonstances ; chaque matin , j’avais besoin de m’avertir pour ne pas demander: Troiibat est-il ar- rivé? et je vous cherchais en entrant dans ma cham- bre d’en haut. — Je vous écris peu, ne le pouvant... L’article est à l’imprimerie. Je vous prie de présenter mes respects et sympathies douloureuses à mon-