Page:Sainte-Beuve - Volupté.djvu/115

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et qui, aux heures sereines, reconnaissent et suivent la même étoile conductrice, venue d'Orient amitiés diligentes, dont le premier acte est de déposer un noble type d'elles-mêmes dans le trésor céleste, où elles le recherchent ensuite et l'étudient sans cesse afin de l'égaler.

Tant que les derniers moments de mon oncle et les devoirs funéraires m'avaient retenu, je n'eus de nouvelles de Couaën que celles que j'envoyais quérir chaque jour ; mais, le lendemain de l'enterrement, j'y pus aller moi-même passer quelques heures. On m'y apprit plus en détail l'occupation de la côte. Les soldats stationnaient dans les enfoncements, sans se montrer, et ne laissaient approcher personne ; ils évitaient d'allumer des feux et observaient une garde plus rigoureuse surtout durant les nuits comme espérant surprendre les arrivants à la descente. L'officier qui les commandait, et qu'on disait d'un haut grade, paraissait avoir des indications fort précises quant au lieu, bien qu'inexactes pour la date. M. de Couaën m'eut l'air peu ému : soit besoin de tout calmer autour de lui, soit contenance familière à ces caractères énergiques dès que le danger se dessine, soit conviction réelle, il nous soutenait, avec le plus grand sang-froid du monde, que la mine n'était pas éventée, que les indications portaient nécessairement à faux, que ces mouvements même de troupes, deux ou trois mois à l'avance, le prouvaient. Il se refusa absolument aux précautions de sûreté personnelle, et tout ce que je pus obtenir, C'est qu'il réunirait ses papiers compromettants dans une armoire secrète de la tour, avec permission à moi de les détruire en cas d'urgence : nous n'avions par bonheur, rien reçu des armes et des poudres qu'on nous annonçait. Nos autres amis et bruyants conspirateurs des environs n'étaient pas si raffermis probablement ; M. de Couaën n'avait eu révélation d'aucun depuis son