Page:Sainte-Beuve - Volupté.djvu/353

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celui du matin ; une nouvelle visite à la chapelle à quatre heures ; puis la cellule encore ; une lecture spirituelle en commun avant le souper ; après le souper, la récréation du soir, et ensuite la prière avec une lecture du sujet de méditation pour le lendemain matin. On se couchait à neuf heures. Ainsi nos jours se suivaient et se ressemblaient, mon ami, comme ces grains du chapelet que nous disions, - excepté pourtant deux jours de la semaine, le dimanche et le mercredi. Le dimanche, il n'y avait pas de classe. Nous allions à l'église paroissiale du village entendre la grand-messe et les vêpres.

Nous avions plus de temps à passer dans nos cellules et quelques moments de récréation après vêpres. J'ai dit qu'il n'y avait pas de classe dogmatique et morale le dimanche, mais on nous en faisait une le matin sur l'Ecriture Sainte.

Le mercredi était le grand jour. Pendant tout l'hiver, le congé ne commençait qu'à midi et n'avait rien de bien gai.

Nous faisions une grande promenade après le dîner dans les environs, et le pensionnat de la ville, lié à la même direction que le séminaire, venait souvent prendre notre place dans nos jardins et user de nos jeux durant notre absence. Mais, à partir du premier mercredi après Pâques, le congé commençait à sept heures du matin et durait jusqu'à huit heures et demie du soir. Dès les sept heures, nous étions donc maîtres de tout le jardin sans exception ; la salle des jeux était ouverte ; le silence ne s'observait plus, même au réfectoire. C'était par cette renaissance du printemps une fête délicieuse ; mais combien d'arrières pensées subsistantes, inévitables, hélas ! pour mon cœur. A huit heures environ, le pensionnat de la ville, les plus grands du moins, arrivaient. Ils entendaient la messe à notre chapelle ; après quoi, les deux maisons n'en faisaient plus qu'une ; ceux qui s'étaient connus se réunissaient et causaient. L'inégalité aimable des âges, lesquels