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que les députés ne sont pas forcés de voter les lois proposés par l’autorité, mais cette objection ne sera jamais faite par quiconque a été à Tahiti, qui connaît la peur que l’autorité leur fait, et les propos qui sont tenus à ceux qui s’y opposent.

Qui doit savoir les besoins d’un pays sinon les habitants, les propriétaires du sol, cependant l’initiative ne leur appartient pas.

On me dira encore peut-être pourquoi ne se plaignent-ils pas ? et à qui veut-on qu’ils se plaignent ? à leur Reine ? mais elle est aussi impuissante qu’eux, elle a souvent fait des objections, des plaintes, l’a-t-on jamais écoutés ? a-t-on jamais fait droit à ses justes réclamations, non, on a passé outre, et en dépit des traités les plus formels, des engagements les plus sacrés, on a foulé aux pieds et ses remontrances et ses prières.

Je viens de montrer l’état de Tahiti sous les points les plus importants ; c’est à dire la manière dont on traite les droits de famille, — de la propriété, — de la justice, — et de la législation. Je crois avoir suffisamment prouvé que cette malheureuse île est traitée en pays conquis ; je n’ai pas voulu descendre jusqu’aux