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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

voirs domestiques. Mais tout cela ne vous a pas distrait et vous vous laissez aller à la nostalgie, sans songer que c’est nous, les enfermés de France, qui sommes les plus attrapés, puisqu’on fait la solitude autour de nous, en nous disant « Restez là ! vous n’avez pas mérité de partir… »

Je reprends à Nohant (7 juin) cette lettre commencée et même finie à Gargilesse, mais dont toute la fin est non avenue. Je voulais l’emporter à la Châtre ; mais, mon séjour là-bas s’étant un peu prolongé, j’ai voulu ne pas vous envoyer mon griffonnage avant d’avoir vu Angèle et les petits, afin de vous parler d’eux, et de faire que ma lettre vous soit agréable. Je les ai donc vus ce soir, ou hier soir (car il est une heure du matin) et je les ai trouvés tous quatre beaux, frais, roses, gentils à croquer ; Georges très drôle et faisant la conversation d’une façon très comique. Il est trop mignon entre les deux petites qu’il mène, chacune d’une main, dans les allées pleines de roses de votre petit jardin.

La jolie nièce[1] (fille de Valérie) était avec eux, gracieuse et élégante comme toujours. Tout ce petit monde, si beau et si paré (c’était la Fête-Dieu, je crois), me faisait penser qu’il y a des gens plus navrés que vous, mon pauvre enfant ! Vous reverrez tout cela, et, moi, je n’élèverai plus rien sur mes genoux, que les enfants des autres. Sol a fini la vie

  1. Madame Tournier, petite-fille de Jules Néraud.