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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

c’était plus de bruit qu’il ne fallait, même en restreignant ce bruit à la localité. J’ai prié mes amis de se consulter entre eux. Ils l’ont fait, ils m’ont donné raison, on m’a désigné l’avoué et l’avocat. Ceux-ci ont accepté le mandat offert ; maintenant, si j’ai eu tort, il n’est plus temps d’y revenir.

Que vous dire de moi, maintenant, à propos de théâtre ? je ne sais pas. C’est un jour oui, et un jour non. Ai-je du talent pour cela ? je ne crois pas ; j’ai cru qu’il m’en viendrait, je me dis encore quelquefois, sous mes cheveux gris, qu’il peut m’en venir. Mais on a tant dit le contraire, que je n’en sais plus rien, et que j’en aurais peut-être en pure perte. Si les auteurs sont rares et mauvais comme vous le dites, c’est peut-être bien la faute du public, qui veut de mauvaises choses, ou qui ne sait pas ce qu’il veut. Montigny m’écrivait dernièrement : « Que faut-il faire pour le contenter ? si on lui donne des choses littéraires, il dit que c’est ennuyeux ; si on lui donne des choses qui ne sont qu’amusantes, il dit que ce n’est pas littéraire. » Le fait m’a paru constant dans ces dernières années. On se plaignait de voir toujours la même pièce ; mais toute idée nouvelle était repoussée. Que faire ? N’y pas songer et écrire quand le cœur vous le dit. C’est ce que je ferai quand même.

Mon pauvre Maurice vient d’être très souffrant, moi par contre-coup. Nous revoilà sur pied, lui au physique, moi au moral.

Je lis la Correspondance de Lamennais. Qu’est-ce