Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 6.djvu/139

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de politique hypocrite, de le défendre pour ne pas avouer que cet incapable était le moins incapable de leur parti ? — Les partis, j’en ai plein le nez, je n’en veux plus. Je tiens pour crétins ou insensés tous ceux qui se donnent à des personnalités. Comme au lendemain de juin 48, le dégoût me jette dans l’isolement en face de ma conscience révoltée et libre, Dieu merci !

Mais ne parlons pas politique. Il n’y a plus rien à en dire, tout a été dit, écrit, publié : le vrai et le faux. Chacun peut se recueillir et juger. Tant pis pour qui ne veut pas voir clair dans les principes. Quant aux faits, ils resteront ce que les faits accomplis sont dans l’histoire, le sujet d’éternelles discussions où les plus habiles interprétations ne sont pas infaillibles. Chaque historien ouvre un horizon nouveau. Le meurtre d’Abel, le premier meurtre de la légende humaine, n’est pas encore jugé, prouvé encore moins. Les vérités historiques, ce sont les résultats.

Je te remercie d’avoir parlé à Boutet, je lui ai écrit aussi. Je n’ai pas du tout oublié ce que j’ai donné à la défense de Paris ; mais je sais qu’il m’est dû quelques milliers de francs par Lévy, et je pense qu’à présent Boutet et Aucante en sont convaincus. Je n’en suis pas à regretter ce que j’ai fait, et je ne me plains de rien, mais je veux me remettre au courant. Si j’ai besoin que tu t’en occupes, je te le dirai. Pour le présent, la correspondance directe suffit.

J’ai des nouvelles de tous nos amis, nous avons