Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 10a13 1855 Gerhard.djvu/441

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s’enivraient d’espérance, comme s’ils eussent marché à la conquête du monde. Spectacle touchant et singulier, dont il convient de conserver le souvenir à jamais !

« Que des préoccupations sans grandeur se soient mêlées à ce mouvement, que l’émulation ait quelquefois fait place à des rivalités frivoles ou haineuses, que des esprits trop faibles pour s’élever impunément se soient perdus dans le pays des rêves, on ne peut le nier ; mais ces résultats trop inévitables des infirmités de la nature humaine ne suffisent pas pour enlever au fait général que nous venons de signaler ce qu’il présente de solennel et d’imposant[1]. »

Si l’on veut juger le procès d’avril et tous les faits qui s’y rattachent d’une manière juste, élevée et vraiment philosophique, il faut relire tout ce chapitre si court et si plein de l’Histoire de dix ans. Les hommes et les choses y sont jugés non seulement avec la connaissance exacte d’un passé que l’historien n’a jamais le droit d’arranger et d’atténuer, mais avec la haute équité d’un grand et généreux esprit qui fixe et précise la vérité morale, c’est à dire la suprême vérité de l’histoire au milieu des contradictions apparentes des événemens et des hommes qui les subissent.

Je ne raconterai pas ces événemens. Cela serait tout à fait inutile : ils sont enregistrés là

  1. Histoire de dix ans, volume IV.