Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 10a13 1855 Gerhard.djvu/597

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

meilleures mains et de faire, dans ce but, un établissement annuel à Paris. Je louai, rue Pigale, un appartement composé de deux pavillons au fond d’un jardin. Chopin s’installa rue Tronchet ; mais son logement fut humide et froid. Il recommença à tousser sérieusement, et je me vis forcée de donner ma démission de garde-malade ; ou de passer ma vie en allées et venues impossibles. Lui, pour me les épargner, venait chaque jour me dire avec une figure décomposée et une voix éteinte qu’il se portait à merveille. Il demandait à dîner avec nous, et il s’en allait le soir, grelottant dans son fiacre. Voyant combien il s’affectait du dérangement de notre vie de famille, je lui offris de lui louer un des pavillons dont je pouvais lui céder une partie. Il accepta avec joie. Il eut là son appartement, y reçut ses amis et y donna ses leçons sans me gêner. Maurice avait l’appartement au-dessus du sien ; j’occupais l’autre pavillon avec ma fille. Le jardin était joli et assez vaste pour permettre de grands jeux et de belles gaîtés. Nous avions des professeurs des deux sexes qui faisaient de leur mieux. Je voyais le moins de monde possible, m’en tenant toujours à mes amis. Ma jeune et charmante parente Augustine, Oscar, le fils de ma sœur, dont je m’étais chargée et que j’avais mis en pension, les deux beaux enfants de madame d’Oribeau, qui était venue se fixer à Paris dans le même