Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/176

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partie ; l’autre pour le général d’Harville, inspecteur général de l’armée de Mayence. Il m’adresse à eux comme le petit-fils du maréchal de Saxe, notre modèle à tous, dit-il ; il demande pour moi de l’emploi, d’abord comme ordonnance, et ensuite suivant la partie à laquelle ils me trouveront propre. Il me recommande aussi fortement au chef de brigade et lui dit qu’il lui tiendra compte des égards qu’il aura pour moi. Tu vois que mes affaires sont en bon train et qu’avec de pareilles recommandations je ne moisirai pas dans les casernes. Il leur dit, par exemple, que ma famille m’entretient et que je n’aurai pas besoin d’appointemens. Ce n’est point ce qui m’en plaît le plus, car nous ne sommes pas riches, et je vais te coûter de l’argent.

Espérons pourtant que je ne tarderai pas à vivre de mon travail. Ne sois pas inquiète, ma bonne mère, et crois que peut-être bientôt tu entendras parler de moi… « On me dit que tu ne veux pas qu’on sache en Berry en quelle qualité je sers : mais, ma bonne mère, il faut pourtant bien en venir là.

D’abord, quels sont donc les imbéciles qui se formaliseraient de voir ton fils soldat de la République ? Ensuite, pour qu’on ne t’inquiète pas en mon absence, il faut que j’envoie à la municipalité une attestation de mon activité de service, sans quoi je serais regardé comme fuyard et émigré, ce qui ne me va guère. »