Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/28

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Ceci est probablement tout ce que j’aurai à conclure de mon mariage, et je l’ai dit tout de suite pour obéir à un arrêt de ma conscience.

Il n’est pas prudent, je le sais, de désavouer des biographes bien disposés en votre faveur, et qui peuvent vous menacer d’une édition revue et corrigée ; mais je n’ai jamais été prudente en quoi que ce soit, et je n’ai point vu que ceux qui se donnaient la peine de l’être fussent plus épargnés que moi. À chances égales, il faut agir selon l’impulsion de son vrai caractère.

Je laisse là le chapitre du mariage jusqu’à nouvel ordre, et je reviens à celui de ma naissance.

Cette naissance, qui m’a été reprochée si souvent et si singulièrement des deux côtés de ma famille, est un fait assez curieux, en effet, et qui m’a parfois donné à réfléchir sur la question des races.

Je soupçonne mes biographes étrangers particulièrement d’être fort aristocrates, car ils m’ont tous gratifiée d’une illustre origine, sans vouloir tenir compte, eux qui devaient être si bien informés, d’une tache assez visible dans mon blason.

On n’est pas seulement l’enfant de son père, on est aussi un peu, je crois, celui de sa mère. Il me semble même qu’on l’est davantage, et que nous tenons aux entrailles qui nous ont portés de la façon la plus immédiate, la plus puissante, la plus sacrée. Or, si mon père était l’arrière-petit-fils d’Auguste II, roi de Pologne