Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/288

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en pétales, tiges et étamines, du moins j’y ai trouvé le souvenir de mon ancien et véritable ami. Plante-t-il toujours beaucoup de choux ? Je décoiffe ma bonne et je l’embrasse de tout mon cœur. » LETTRE XIII.

« Asola, 29 frimaire an IX (décembre 1800).

« Qu’il y a longtemps, ma bonne mère, que je n’ai eu le plaisir de m’entretenir avec toi ; tu vas me dire : À qui la faute ? En vérité, ce n’est pas trop la mienne. Depuis que nous sommes à Asola, nous ne faisons que courir pour reconnaître les postes ennemis. À peine rentrés, nous trouvons une société bruyante et joyeuse, dont les rires et les ébats se prolongent bien avant dans la nuit. On se couche excédé de fatigue, et le lendemain, on recommence. Tu vas me gronder et me dire que je ferais sagement de me coucher de bonne heure. Mais si tu étais de la trempe d’un soldat, tu saurais que la fatigue engendre l’excitation, et que notre métier n’amène le sang-froid que quand le danger est présent. En toute autre circonstance, nous sommes fous, et nous avons besoin de l’être. Et puis, j’avais à te dire une bonne nouvelle, dont je viens seulement d’avoir la certitude. Morin me l’avait annoncée comme très prochaine, et le général vient de me la confirmer, en me faisant cadeau