Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/301

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s’est chargé d’expédier. « Car il faut que tu saches, lui dit-il, que je suis très bien avec Son Eminence et encore mieux avec le pape. » Puis il lui expose sa situation et celle de l’armée. « Il est deux heures du matin. Dans deux heures nous montons à cheval. Nous avons passé toute la journée à disposer les troupes ; nous avons fait avancer toute notre artillerie sur la ligne, et, à la pointe du jour, nous allons nous taper. Tu entendras probablement parler de la journée du 29, car l’attaque est générale dans toute l’armée.

« … On selle déjà les chevaux du général, je les entends dans la cour, et quand j’aurai écrit un mot à ma mère, je vais faire seller les miens. Je te quitte donc, mon bon ami, pour aller me disputer avec messieurs les Croates, Valaques, Dalmates, Hongrois et autres, qui nous attendent. Cela va faire un beau sabbat. Nous avons huit pièces de douze en batterie. Que je suis fâché que tu ne sois pas là pour entendre le vacarme que nous allons faire ! Cela t’amuserait, j’en suis sûr. » Le lendemain, il était dans les mains de l’ennemi, il quittait le théâtre de la guerre, et laissant derrière lui l’armée victorieuse, ses amis prêts à rentrer en France pour aller embrasser leurs mères et leurs amis, il partait à pied pour un long et pénible exil. — Cet événement le séparait aussi de la femme aimée et il plongea