Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/390

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ennuyer le lecteur par des points de droit fort arides, bien que j’aie toutes les pièces sous les yeux. Certainement il y eut absence ou insuffisance de certaines formalités qui seraient indispensables aujourd’hui, et qui apparemment n’étaient pas jugées alors d’une importance absolue.

Ma mère était au moral un exemple de cette situation transitoire. Tout ce qu’elle avait compris de l’acte civil de son mariage, c’est qu’il assurait la légitimité de ma naissance.

Elle était pieuse et le fut toujours, sans aller jusqu’à la dévotion.

Mais ce qu’elle avait cru dans son enfance, elle devait le croire toute sa vie sans s’inquiéter des lois civiles et sans penser qu’un acte par-devant le citoyen municipal pût remplacer un sacrement. Elle ne se fit donc pas scrupule des irrégularités qui facilitèrent son mariage civil, mais elle le porta si loin quand il fut question du mariage religieux, que ma grand’mère, malgré ses répugnances, fut obligée d’y assister. Cela eut lieu plus tard comme je le dirai.

Jusque-là ma mère ne se crut point complice d’un acte de rébellion envers la mère de son mari ; et quand on lui disait que Mme Dupin était fort irritée contre elle, elle avait coutume de répondre : — Vraiment, c’est bien injuste, et elle ne me connaît guère ; dites-lui donc que je n’épouserai jamais son fils à l’église tant qu’elle ne le voudra pas.

Mon père voyant qu’il ne vaincrait jamais ce