Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/393

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but. Que le divorce soit rejeté, ce sera la consécration d’un état de choses contraire à la morale publique. Qu’il soit adopté, il le sera de telle manière et dans de telles circonstances, qu’il ne servira point la morale et ajoutera à la dissolution du pacte religieux de la famille. Je dirai mon opinion quand il faudra, et je reviens à mon récit.

Mon père avait vingt-six ans, ma mère en avait trente lorsque je vins au monde. Ma mère n’avait jamais lu Jean-Jacques Rousseau et n’en avait peut-être pas beaucoup entendu parler, ce qui ne l’empêcha pas d’être ma nourrice comme elle l’avait été et comme elle le fut de tous ses autres enfans. Mais, pour mettre de l’ordre dans le cours de ma propre histoire, il faut que je continue à suivre celle de mon père, dont les lettres me servent de jalons, car on peut bien imaginer que mes propres souvenirs ne datent pas encore de l’an XII.

Il passa une quinzaine à Nohant après son mariage, ainsi que je l’ai dit au précédent volume, et ne trouva aucun moyen d’en faire l’aveu à sa mère. Il revint à Paris, sous prétexte de poursuivre cet éternel brevet de capitaine, qui n’arrivait pas, et il trouva toutes ses connaissances, tous ses parens fort bien traités par la nouvelle monarchie : Caulaincourt, grand écuyer de l’empereur ; le général d’Harville, grand écuyer de l’impératrice Joséphine ; le bon neveu René, chambellan du prince Louis ; sa femme, dame de