Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/415

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reproches-tu aujourd’hui d’être l’homme que tu as fait au moral comme au physique ?

« Au milieu de tes reproches, ta tendresse perce toujours. Je ne sais qui t’a dit que pendant quelque temps j’avais été dans la misère, et tu t’en inquiètes après coup. Eh bien ! il est vrai que j’ai habité un petit grenier l’été dernier, et que mon ménage de poète et d’amoureux faisait un singulier contraste avec les chamarrures d’or de mon costume militaire. N’accuse personne de ce moment de gêne, dont je ne t’ai point parlé et dont je ne me plaindrai jamais. Une dette que je croyais payée et dont l’argent avait passé par des mains infidèles a été la seule cause de ce petit désastre, déjà réparé par mes appointemens. J’ai maintenant un petit appartement très agréable, et je ne manque de rien.

« Qu’est-ce que me dit donc d’Andrezel, que tu vas peut-être venir à Paris, peut-être vendre Nohant ? Je n’y comprends rien. Ah ! ma bonne mère, viens, et toutes nos peines s’envoleront dans une explication tendre et sincère. Mais ne vends pas Nohant, tu le regretterais. Adieu ; je t’embrasse de toute mon ame, bien triste et bien effrayé de ton mécontentement. Et cependant Dieu m’est témoin que je t’aime et que je mérite ton amour.

« MAURICE. »