Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/461

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jamais funestes à la droiture de son jugement, et, par suite, à la moralité de son ame.

Ainsi on aura beau chercher quelle première notion de la Divinité on pourra donner aux enfans, on n’en trouvera pas une meilleure pour que l’existence de ce vieux bon Dieu qui est au ciel et qui voit tout ce qui se fait sur la terre. Plus tard il sera temps de lui faire comprendre que Dieu c’est l’être infini sans figure idolâtrique, et que le ciel n’est pas plus la voûte bleue qui nous enveloppe que la terre où nous vivons et que le sanctuaire même de notre pensée. Mais à quoi bon essayer de faire percer le symbole à l’enfant pour qui tout symbole est une réalité ? Cet éther infini, cet abîme de la création, ce ciel enfin où gravitent les mondes, l’enfant le voit plus beau et plus grand que nos définitions ne l’étendraient dans sa pensée, et nous le rendrions plus fou que sage si nous voulions lui faire concevoir la mécanique de l’univers, alors que le sentiment de la beauté de l’univers lui suffit.

La vie de l’individu n’est-elle pas le résumé de la vie collective ?

Quiconque observe les développemens de l’enfant, son passage à l’adolescence, à la virilité, et toutes ses transformations jusqu’à l’âge mûr, assiste à l’histoire abrégée de la race humaine, laquelle a eu aussi son enfance, son adolescence, sa jeunesse et sa virilité. Eh bien ! qu’on se reporte aux temps primitifs de l’humanité, on y voit toutes les nations humaines