Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/466

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et que je me figurais en grand danger auprès de ce petit monstre. Je la serrai précieusement dans l’armoire, et je consentis à jouer avec Polichinelle ; ses jeux d’émail, qui tournaient dans leurs orbites au moyen d’un ressort, le plaçaient pour moi dans une sorte de milieu entre le carton et la vie.

Au moment de me coucher, on voulut le serrer dans l’armoire auprès de la poupée ; mais je ne voulus jamais y consentir, et on céda à ma fantaisie, qui était de le laisser dormir sur le poêle, car il y avait un petit poêle dans notre chambre qui était plus que modeste, et dont je vois encore les panneaux peints à la colle et la forme en carré long. Un détail que je me rappelle aussi, bien que depuis l’âge de quatre ans je ne sois jamais rentrée dans cet appartement, c’est que l’alcôve était un cabinet fermé par des portes à grillage de laiton sur un fond de toile verte. Sauf une antichambre qui servait de salle à manger et une petite cuisine qui me servait de pénitencier, il n’y avait pas d’autres pièces que cette chambre à coucher, qui servait de salon pendant le jour. On voit que ce n’était point luxueux. Mon petit lit était placé le soir en dehors de l’alcôve, et quand ma sœur, qui était alors en pension, couchait à la maison, on lui arrangeait un canapé à côté de moi. C’était un canapé vert en velours d’Utrecht.

Tout cela m’est encore présent, quoiqu’il ne me soit rien arrivé de remarquable dans cet appartement ; mais il faut croire que