Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/47

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ame. Tant que nos générations imparfaites luttent encore contre elles-mêmes, la philosophie peut être indulgente et la religion miséricordieuse. Elles n’ont pas le droit de tuer l’homme pour un acte de démence, de le damner pour un faux point de vue.

Lorsqu’elles auront à tracer un dogme nouveau pour des êtres plus forts et plus purs, elles n’auront que faire d’y introduire l’inquisiteur des ténèbres, le bourreau de l’éternité, Satan le chauffeur. La peur n’aura plus d’action sur les hommes elle n’en a déjà plus. La grâce suffira, car ce qu’on a appelé la grâce, c’est l’action de Dieu manifestée aux hommes par la foi.

Devant cet affreux dogme de l’enfer auquel l’esprit humain se refuse, devant la tyrannie d’une croyance qui n’admettait ni pardon ni espoir audelà de la vie, la conscience humaine s’est révoltée. Elle a brisé ses entraves. Elle a brisé la société avec l’Eglise, la tombe de ses pères avec les autels du passé. Elle a pris son vol, elle s’est égarée pour un instant, mais elle retrouvera sa route, ne vous en inquiétez pas.

Me voici encore une fois bien loin de mon sujet, et mon histoire court le risque de ressembler à celle des sept châteaux du roi de Bohême. Eh bien ! que vous importe, mes bons lecteurs ? mon histoire par elle-même est fort peu intéressante. Les faits y jouent le moindre rôle, et les réflexions la remplissent. Personne n’a