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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/158

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impossible, durant deux jours, de la tirer : puis, lorsque tous les symptômes alarmans furent dissipés, on s’aperçut qu’elle avait sur le corps une large plaie gangréneuse, produite par la légère excoriation laissée par les cataplasmes salins. Cette plaie fut horriblement douloureuse et longue à fermer. Pendant deux mois il lui fallut garder le lit, et la convalescence ne fut pas moins longue.

Deschartres, Rose et Julie soignèrent ma pauvre bonne maman avec un grand dévouement. Quant à moi, je sentis que je l’aimais plus que je ne m’en étais avisée jusqu’alors. Ses souffrances, le danger de mort où elle se trouva plusieurs fois me la rendirent chère, et le temps de sa maladie fut pour moi d’une mortelle tristesse.

Madame de Béranger resta, je crois, six semaines avec nous, et ne partit que lorsque ma grand’mère fut hors de tout danger. Mais cette dame, si elle eut du chagrin ou de l’inquiétude, ne le fit pas beaucoup paraître, et je doute qu’elle eût le cœur bien tendre. Je ne sais, en vérité, pourquoi ma bonne maman, qui avait un si grand besoin de tendresse, s’était particulièrement attachée à cette femme hautaine et impérieuse en qui je n’ai jamais pu découvrir le moindre charme d’esprit ou de caractère.

Elle était fort active et ne pouvait rester en place. Elle se croyait très habile à lever ou à rectifier le plan d’un jardin ou d’un parc, et elle