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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/191

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d’extraits, tous les deux ou trois jours, et une leçon de clavecin qui durait à peine une demi-heure. Deschartres me donnait une leçon de latin que je prenais de plus en plus mal, car cette langue morte ne me disait rien ; et une leçon de versification française qui me donnait des nausées, cette forme, que j’aime et que j’admire pourtant, n’étant point la mienne, et ne me venant pas plus naturellement que l’arithmétique, pour laquelle j’ai toujours eu une incapacité notoire. J’étudiais pourtant l’arithmétique et la versification, et le latin, voire un peu de grec et un peu de botanique par-dessus le marché, et rien de tout cela ne me plaisait. Pour comprendre la botanique (qui n’est point du tout une science à la portée des demoiselles), il faut connaître le mystère de génération et la fonction des sexes ; c’est même tout ce qu’il y a de curieux et d’intéressant dans l’organisme des plantes. Comme on le pense bien, Deschartres me faisait sauter à pieds joints par là-dessus, et j’étais beaucoup trop simple pour m’aviser par moi-même de la moindre observation en ce genre. La botanique se réduisait donc pour moi à des classifications purement arbitraires, puisque je n’en saisissais pas les lois cachées, et à une nomenclature grecque et latine qui n’était qu’un aride travail de mémoire. Que m’importait de savoir le nom scientifique de toutes ces jolies herbes des prés, auxquelles les paysannes et les