Aller au contenu

Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/213

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

passer cette première colère de l’Europe contre nous, et vous verrez que nous entrerons dans une ère de calme et de sécurité heureuse sous ces Bourbons que je n’aime pas beaucoup plus que vous, mais qui nous sont le gage d’un meilleur avenir. Sans eux notre nationalité était perdue. Bonaparte l’avait sérieusement compromise en voulant trop l’étendre. Si un parti royaliste ne s’était pas formé pour hâter sa chute, voyez ce que nous deviendrions aujourd’hui après le désastre de nos armées ! La France eût été démembrée, nous serions Prussiens, Anglais ou Allemands. »

Ainsi raisonnait ma grand’mère, n’admettant pas une chose que je crois pourtant fort certaine, c’est que si un parti royaliste ne se fût pas formé pour vendre et trahir le pays, l’univers réuni contre nous, n’eût pu vaincre l’armée française. Ma mère, qui volontiers reconnaissait la supériorité de sa belle-mère, se laissait tout doucement persuader, et moi, par conséquent avec elle. J’étais donc comme désillusionnée de l’empire et comme résignée à la Restauration, lorsque, par un ardent soleil d’été, nous vîmes reluire sur tous les versans de la vallée noire les glorieuses armes de Waterloo. Ce fut un régiment de lanciers décimé par ce grand désastre, qui, le premier, vint occuper nos campagnes. Le général Colbert établit à Nohant son quartier-général. Le général Subervic occu