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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/25

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climat aussi ingrat et aussi variable que le nôtre. Il est vrai qu’autrefois on s’installait là pour toute sa vie, et en y bâtissant son nid, on y creusait sa tombe.

Les vieilles gens que j’ai connues à cette époque et qui avaient une existence retirée ne vivaient que dans leur chambre à coucher. Elles avaient un salon vaste et beau, où elles recevaient une ou deux fois l’an, et où elles n’entraient jamais d’ailleurs. Mon grand-oncle et ma grand’mère, ne recevant jamais, eussent pu se passer de ce luxe inutile qui doublait le prix de leur loyer. Mais ils eussent cru n’être pas logés s’il en eût été autrement.

Le mobilier de ma grand’mère était du temps de Louis XVI, et elle n’avait pas de scrupule d’y introduire de temps en temps un objet plus moderne, lorsqu’il lui semblait commode ou joli. Mais mon grand-oncle était trop artiste pour se permettre le moindre disparate. Tout chez lui était du même style Louis XIV : les moulures des portes ou les ornemens du plafond. Je ne sais s’il avait hérité de ce riche ameublement ou s’il l’avait collectionné lui-même ; mais ce serait aujourd’hui une trouvaille pour un amateur que ce mobilier complet dans son ancienneté, depuis la pincette et le soufflet jusqu’au lit et aux cadres des tableaux. Il avait des peintures superbes dans son salon et des meubles de Boule d’une grandeur et d’une richesse respectables