Aller au contenu

Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/265

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vague et le sentiment net d’une religion selon mon cœur.

Malheureusement (heureusement peut-être pour ma petite cervelle, qui n’était pas assez forte pour creuser ce problème), mon asile fut découvert. À force de me chercher, Liset arriva jusqu’à moi, et tout ébaubi à la vue de mon temple, il s’écria : « Ah ! mam’selle, le joli petit reposoir de la Fête-Dieu ! »

Il ne vit qu’un amusement dans mon mystère et il voulut m’aider à l’embellir encore. Mais le charme était détruit. Du moment que d’autres pas que les miens eurent foulé ce sanctuaire Corambé ne l’habita plus. Les dryades et les chérubins l’abandonnèrent, et il me sembla que mes cérémonies et mes sacrifices n’étaient plus qu’une puérilité que je n’avais pas prise moi-même au sérieux. Je détruisis le temple avec autant de soin que je l’avais édifié. Je creusai au pied de l’arbre et j’enterrai les guirlandes, les coquillages et tous les ornemens champêtres sous les débris de l’autel.