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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/290

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de nouveaux adhérans, qui préféraient ce bon accord à leurs querelles et à leurs batailles. On ne pensait plus à se lever avant les autres pour aller dépouiller la saulnée des camarades, et la journée du dimanche était une véritable fête. Nous faisions nous-mêmes notre cuisine de volatiles. Rose était de bonne humeur ces jours-là, car elle était gaie et bonne fille quand elle n’était pas furibonde. La cuisinière faisait l’esprit fort à l’endroit de notre cuisine ; le père Saint-Jean seul faisait la grimace et prétendait que la queue de son cheval blanc diminuait tous les jours. Nous le savions bien.

À travers tous ces jeux, le roman de Corambé continuait à se dérouler dans ma tête. C’était un rêve permanent aussi décousu, aussi incohérent que les rêves du sommeil, et dans lequel je ne me retrouvais que parce qu’un même sentiment le dominait toujours.

Ce sentiment ce n’était pas l’amour. Je savais par les livres que l’amour existe dans la vie et qu’il est le fond et l’âme de tous les romans et de tous les poèmes. Mais, ne sentant en moi rien qui put m’expliquer pourquoi un être s’attachait exclusivement à la poursuite d’un autre être, dans cet ordre d’affections inconnues, hiéroglyphiques pour ainsi dire, je me préservais avec soin d’entraîner mon roman sur ce terrain glacé pour mon imagination. Il me semblait que si j’y introduisais des amans et des amantes, il