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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/304

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était que plus obstinée. Un jour que j’avais été réprimandée plus que de coutume en sortant de la chambre de ma bonne maman, je jetai par terre mon livre et mes cahiers ; je pris ma tête dans mes deux mains, et me croyant seule, je m’écriai : « Eh bien, oui, c’est vrai, je n’étudie pas parce que je ne veux pas. J’ai mes raisons. On les saura plus tard. »

Julie était derrière moi. « Vous êtes une mauvaise enfant, me dit-elle, et ce que vous pensez est pire que tout ce que vous faites. On vous pardonnerait d’être dissipée et paresseuse, mais puisque c’est par entêtement et par mauvaise volonté que vous mécontentez votre bonne maman, vous mériteriez qu’elle vous renvoyât chez votre mère.

— Ma mère ! m’écriai-je, me renvoyer chez ma mère ! mais c’est tout ce que je désire, tout ce que je demande !

— Allons, vous n’y pensez pas, reprit Julie ; vous parlez comme cela, parce que vous avez de la colère, vous êtes folle dans ce moment-ci. Je me garderai bien de répéter ce qui vient de vous échapper, car vous seriez bien désolée plus tard qu’on vous eût prise au mot.

— Julie, lui répondis-je avec véhémence, je vous entends très bien et je vous connais. Je sais que quand vous promettez de vous taire, c’est que vous êtes bien décidée à parler. Je sais que quand vous m’interrogez avec douceur et câlinerie,