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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/349

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Pour la résumer, je dirai que, tant religieuses que sœurs converses, pensionnaires, locataires, maîtresses séculières et servantes, nous étions environ cent vingt ou cent trente personnes, logées de la manière la plus bizarre et la plus incommode, les unes trop accumulées sur certains points, les autres trop disséminées sur un espace où dix familles eussent vécu fort à l’aise, en cultivant même un peu de terre pour leur agrément. Tout était si éparpillé, qu’on perdait un quart de la journée à aller et venir. Je n’ai pas parlé non plus d’un vaste laboratoire où l’on distillait de l’eau de menthe ; de la chambre des cloîtres, où l’on prenait certaines leçons et qui avait servi de prison à ma mère et à ma tante ; de la cour aux poules, qui infectait la petite classe ; de l’arrière-classe, où l’on déjeunait : des caves et souterrains, dont j’aurais beaucoup à raconter ; enfin, de l’avant-classe, du réfectoire et du chapitre, car je n’aurais jamais fini de faire comprendre, par toutes ces distributions, combien peu les religieuses entendent l’ordonnance logique et les véritables aises de l’habitation.

Mais, en revanche, les cellules des nonnes étaient d’une propreté charmante et remplies de tous ces brimborions qu’une dévotion mignarde découpe, encadre, enlumine et enrubane patiemment. Dans tous les coins, la vigne et le jasmin cachaient la vétusté des murailles. Les coqs chantaient à minuit comme en pleine campagne,