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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/385

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de l’esprit comme douze diables, et ses moqueries exaspéraient celles qui n’y savaient pas répondre. Isabelle se faisait craindre par ses caricatures. Lavinia par ses grands airs de mépris. Moi seule je ne me faisais craindre par rien ; j’étais diable avec les diables, bête avec les bêtes, le tout par laisser aller de caractère ou par langueur physique. Je conquis tout à fait ces dernières en leur épargnant les punitions collectives. Aussitôt que la maîtresse disait : « Toute la classe en pénitence, si je ne découvre la coupable, » je me levais et je disais : « C’est moi. » Mary, qui me donnait le bon exemple en toutes choses, suivit le mien en celle-ci, et on nous en sut gré.

Ma bonne maman allait quitter Paris, elle obtint de me faire sortir deux ou trois jeudis de suite. La supérieure n’osa pas trop lui dire que j’étais notée par toutes les maîtresses et tous les professeurs comme ne faisant absolument rien, et que le bonnet de nuit était ma coiffure habituelle. Ma grand’mère eût peut-être pensé alors que je perdais mon temps et qu’il valait mieux me reprendre avec elle. On passa donc légèrement sur ma dissipation et mes escapades.

Je me promettais une grande joie de ces sorties. Il n’en fut rien. J’avais déjà pris l’habitude de la vie en commun, habitude si douce aux caractères mélancoliques, et mon caractère était tout à la fois le plus triste et le plus enjoué de tout le couvent : triste par la réflexion, quand je