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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/39

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que je le savais bien. — Mais non, lui dis-je, mal de tête, mal à la tête, mal-tête, n’est pas un nom. — Pardon, mademoiselle, me répondit-elle fièrement, c’est un fort beau et fort grand nom. — Ma foi, je ne trouve pas, lui répondis-je. Vous devriez vous fâcher quand on vous appelle comme ça. — Je vous en souhaite un pareil ! ajouta-t-elle avec emphase. — Merci, repris-je obstinément : j’aime mieux le mien. Les autres dames qui ne l’aimaient pas, peut-être parce qu’elle était la plus jeune, se cachaient pour rire dans leurs grands éventails. Ma grand’mère m’imposa silence, et Mme de Maleteste se retira peu de momens après, fort blessée d’une impertinence dont je ne sentais pas la portée.

Les hommes étaient l’abbé de Pernon, un doux et excellent homme, sécularisé dans toute sa personne, toujours vêtu d’un habit gris-clair, et la figure couverte de gros pois-chiches ; l’abbé d’Andrezel, dont j’ai déjà parlé, et qui portait des spincers sur ses habits ; le chevalier de Vinci qui avait un tic nerveux, grâce auquel sa perruque, fortement secouée et attirée par une continuelle contraction des sourcils et des muscles frontaux, quittait sa nuque et, en cinq minutes, arrivait à tomber sur son nez. Il la rattrapait juste au moment où elle abandonnait sa tête et se précipitait dans son assiette. Il la rejetait alors très en arrière sur son crâne afin qu’elle eût plus de chemin à parcourir avant d’arriver