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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/403

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pures et suaves comme le matin de la vie où nous nous sommes connues. Les grands marronniers du couvent m’apparaissent comme ces Champs-Elyséens où se rencontraient des âmes venues de tous les points de l’univers, et où elles faisaient échange de douces et calmes sympathies, sans prendre garde aux mondaines agitations, aux puériles dissidences de ce bas monde.

On me pardonnera bien de tracer ici une courte liste des compagnes que je laissais à la petite classe ; je ne me les rappelle pas toutes, mais j’ai du plaisir à retrouver une partie de leurs noms dans ma mémoire. C’était, outre celles que j’ai déjà citées, les trois Kelly (Mary, Helen et Henriette) ; les deux O’Mullan, créoles jaunes et douces ; les deux Cary, Fanny et Suzanne, sœurs de Sophie ; Lucy Masterson ; Catherine et Maria Dormer ; Maria Gordon, une délicate et maladive enfant, douce et intelligente, qui a épousé un Français, et qui est devenue une excellente mère de famille, une femme distinguée sous tous les rapports ; — Louise Rollet, fille d’un maître de forges du Berry ; Lavinia Anster ; Camille de la Josne-Contay, personne raide et grave comme une huguenote des anciens jours (très catholique pourtant), Eugénie de Castella, demi-diable très excellent d’ailleurs, avec qui j’étais assez liée ; une des trois Defargues, filles d’un maire de Lyon ; Henriette Manoury, qui venait, je crois, du Havre ; enfin