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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/429

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aimée, Louise de Courteilles (qui a été depuis Mme d’Aure). Cette Louise était sortie du couvent, et personne n’osait espérer de la remplacer.

Cette ambition me vint comme aux gens naïfs qui ne doutent de rien. On se prenait de passion filiale autour de moi pour Mme Alicia, mais on n’osait pas le lui dire. J’allai le lui dire tout net et sans m’embarrasser l’esprit du sermon qui m’attendait. « Vous ? me dit-elle. Vous le plus grand diable du couvent ? Mais vous voulez donc me faire faire pénitence ? Que vous ai-je donc fait pour que vous m’imposiez le gouvernement d’une aussi mauvaise tête que la vôtre ? Vous voulez me remplacer, vous, enfant terrible, ma bonne Louise, ma douce et sage enfant ? Je crois que vous êtes folle ou que vous m’en voulez. — Bah ! lui répondis-je sans me déconcerter, essayez toujours, qui sait ? Je me corrigerai peut-être, je deviendrai peut-être charmante pour vous faire plaisir ! — À la bonne heure, dit-elle ; si c’est dans l’espoir de vous amender que je vous entreprends, je m’y résignerai peut-être ; mais vous me fournissez là un rude moyen de faire mon salut, et j’en aurais préféré un autre. — Un ange comme Louise de Courteilles ne compte pas pour votre salut, repris-je. Vous n’avez eu aucun mérite avec elle ; vous en auriez beaucoup avec moi. — Mais si, après m’être donné beaucoup de peine, je ne réussis pas à vous rendre sage et pieuse ? — Pouvez-vous me promettre de m’aider