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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/480

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jamais trouvée en communication directe ; je sentis enfin cette communication s’établir soudainement comme si un obstacle invincible se fût abîmé entre le foyer d’ardeur infinie et le feu assoupi dans mon âme. Je voyais un chemin vaste, immense, sans bornes, s’ouvrir devant moi : je brûlais de m’y élancer. Je n’étais plus retenue par aucun doute, par aucune froideur. La crainte d’avoir à me reprendre à railler en moi-même au lendemain la fougue de cet entraînement ne me vint pas seulement à la pensée. J’étais de ceux qui vont sans regarder derrière eux, qui hésitent longtemps devant un certain Rubicon à passer, mais qui, en touchant la rive, ne voient déjà plus celle qu’ils viennent de quitter.

« Oui, oui, le voile est déchiré, me disais-je ; je vois rayonner le ciel, j’irai ! Mais avant tout, rendons grâce ? »

« À qui, comment ? Quel est ton nom ? disais-je au Dieu inconnu qui m’appelait à lui. Comment te prierai-je ? quel langage digne de toi et capable de te manifester mon amour ? mon âme pourra-t-elle te parler ? Je l’ignore mais n’importe, tu lis en moi ; tu vois bien que je t’aime. » Et mes larmes coulaient comme une pluie d’orage, mes sanglots brisaient ma poitrine, j’étais tombée derrière mon banc. J’arrosais littéralement le pavé de mes pleurs.

La sœur qui venait fermer l’église entendit