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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/512

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mère encore moins. Elles diront que nous vous avons entraînée, et ce n’est pas du tout notre intention ni notre manière d’agir. Nous ne caressons point les vocations au début, nous les attendons à leur entier développement. Vous ne vous connaissez pas encore vous-même. Vous croyez qu’on mûrit du jour au lendemain ; allons, allons, ma chère sœur, il passera encore de l’eau sous le pont avant que vous signiez cet écrit-là. » Et elle me montrait la formule de ses vœux, écrite en latin dans un petit cadre de bois noir au dessus de son prie-Dieu. Cette formule, contraire à la législation française, était un engagement éternel ; on le signait à une petite table sur laquelle, au milieu de l’église, on posait le saint sacrement.

Je souffrais bien un peu des doutes de Mme Alicia sur mon compte ; mais je me défendais de cette souffrance comme d’une révolte de mon orgueil. Seulement je persistais à croire, sans en rien dire, que la sœur Hélène avait une plus grande vocation. Marie Alicia était heureuse, elle le disait sans affectation et sans emphase, et on voyait bien qu’elle était sincère. Elle disait parfois : « Le plus grand bonheur, c’est d’être en paix avec Dieu. Je ne l’aurais pas été dans le monde, je ne suis pas une héroïne, j’ai la crainte et peut-être le sentiment de ma faiblesse. Le cloître me sert de refuge et la règle monastique d’hygiène morale ; moyennant ces puissans secours,