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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/516

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mieux qu’elle ne savait la sienne), acceptât délibérément l’idée d’être sœur converse au lieu de préférer tenir la classe.

Nous faisions donc des châteaux en Espagne ensemble. Elle me cherchait un nom : celui de Marie-Augustine, que j’avais pris à la confirmation, étant déjà porté par Poulette. Elle me désignait une cellule voisine de la sienne. Elle m’autorisait d’avance à aimer le jardinage et à cultiver des fleurs dans le préau. J’avais conservé le goût de tripoter la terre, et comme j’étais trop grande fille pour faire un petit jardin pour moi-même, je passais une partie des récréations à brouetter du gazon et à dessiner des allées dans les jardinets des petites. Aussi il fallait voir quelle adoration ces enfans avaient pour moi. On me raillait un peu à la grande classe. Anna soupirait de mon abrutissement sans cesser d’être bonne et affectueuse. Pauline de Pontcarré, mon amie d’enfance, qui était entrée au couvent depuis six mois, disait à sa mère, devant moi, que j’étais devenue imbécile, parce que je ne pouvais plus vivre qu’avec la sœur Hélène ou les enfans de sept ans.

J’avais pourtant contracté une amitié qui eût dû me relever dans l’opinion des plus intelligentes, puisque c’était avec la personne la plus intelligente du couvent. Je n’ai pas encore parlé d’Elisa Auster, bien que ce soit une des figures les plus remarquables de cette série de portraits