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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/559

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M. d’Héliand à vingt-sept ans. Aimée était à tous égards une personne supérieure. Ses manières étaient froides, mais son cœur était affectueux, et son intelligence la rendait propre à tous les arts, où elle excellait sans efforts et sans passion apparente.

Ces trois sœurs étaient en chambre avec une gouvernante pour les soigner, mais elles suivaient les classes et les prières comme nous. On jalousait l’amitié de Chérie et d’Aimée. Jane n’avait d’amies que ses sœurs. Elle était trop timide et trop réservée pour en rechercher d’autres. Cette modestie me toucha, et je vis bientôt que ce n’était pas la froideur et la stupidité qui causaient son isolement. Elle était tout aussi intelligente, tout aussi instruite et beaucoup plus aimante que ses sœurs. Je découvris en elle un trésor de bienveillance et de tendresse calme et durable. Nous avons été intimement liées jusqu’en 1831. Je dirai plus tard pourquoi, sans cesser de l’aimer comme elle le méritait, j’ai cessé de la voir sans lui en dire la raison.

Ma petite Jane montra dans nos amusemens qu’elle était aussi capable de gentillesse et de gaîté que les plus brillantes d’entre nous. Une fois même, elle fut punie du bonnet de nuit par la comtesse, qui ne prenait pas toujours en bonne part nos espiègleries ; car la gaîté montait tous les jours d’un cran, et les plus raides s’y laissaient entraîner. Je me rappelle que cela était