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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/609

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CHAPITRE DIX-SEPTIÈME.

Tristesses, promenades et rêveries. — Luttes contre le sommeil. — Premières lectures sérieuses. — Le Génie du christianisme et l’Imitation de Jésus-Christ. — La vérité absolue, la vérité relative. — Scrupules de conscience. — Hésitation entre le développement et l’abrutissement de l’esprit. — Solution. — L’abbé de Prémord. — Mon opinion sur l’esprit des jésuites. — Lectures métaphysiques. — La guerre des Grecs. — Deschartres prend parti pour le Grand-Turc. — Leibnitz. — Grande impuissance de mon cerveau : victoire de mon cœur.


Si ma destinée m’eût fait passer immédiatement de la domination de ma grand’mère à celle d’un mari ou à celle du couvent, il est possible que, soumise toujours à des influences acceptées, je n’eusse jamais été moi-même. Il n’y a guère d’initiative dans une nature endormie comme la mienne, et la dévotion sans examen qui allait si bien à ma langueur d’esprit, m’eût interdit de demander à ma raison la sanction de ma foi. Les petits efforts, insensibles en apparence, mais continuels, de ma grand’mère pour m’ouvrir les yeux ne produisaient qu’une sorte de réaction intérieure. Un mari voltairien comme elle eût fait pis encore. Ce n’était pas par l’esprit que je pouvais être modifiée ; n’ayant pas d’esprit