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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/658

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provinciales des dames, leurs chuchotemens, leurs médisances et cancans apportés en pleine église comme en un lieu destiné à s’observer et à se diffamer les unes les autres, c’était aussi la laideur des idoles et les glapissemens atroces des collégiens qu’on laissait chanter la messe, et qui se faisaient des niches tout le temps qu’elle durait. Et puis tout ce tripotage de pain bénit et de gros sous qui se fait pendant les offices, les querelles des sacristains et des enfans de chœur à propos d’un cierge qui coule ou d’un encensoir mal lancé. Tout ce dérangement, tous ces incidens burlesques et le défaut d’attention de chacun qui empêchait celle de tous à la prière m’étaient odieux. Je ne voulais pas songer à rompre avec les pratiques obligatoires, mais j’étais enchantée qu’un jour de pluie me forçât à lire la messe dans ma chambre et à prier seule à l’abri de ce grossier concours de chrétiens pour rire.

Et puis, ces formules de prières quotidiennes, qui n’avaient jamais été de mon goût, me devenaient de plus en plus insipides. M. de Prémord m’avait permis d’y substituer les élans de mon âme quand je m’y sentirais entraînée, et insensiblement je les oubliais si bien, que je ne priais plus que d’inspiration et par improvisation libre. Ce n’était pas trop catholique, mais on m’avait laissée composer des prières au couvent. J’en avais fait circuler quelques-unes en anglais