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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/694

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onterie, de la dépravation, que sais-je ? Ma religion même fut un sujet de glose et de calomnie stupide. Était-il convenable d’être pieuse, quand on se permettait des choses si étonnantes ? Cela n’était pas possible. Il y avait là-dessous quelque diablerie. Je me livrais aux sciences occultes. J’avais fait semblant une fois de communier, mais j’avais emporté l’hostie sainte dans mon mouchoir, on l’avait bien vu ! J’avais donné rendez-vous à Claudius et à ses frères, et nous en avions fait une cible ; nous l’avions traversée à coups de pistolet. Une autre fois j’étais entrée à cheval dans l’église, et le curé m’avait chassée au moment où je caracolais autour du maître-autel. C’était depuis ce jour-là qu’on ne me voyait plus à la messe et que je n’approchais plus des sacremens. André, mon pauvre page rustique, n’était pas bien net dans tout cela. C’était ou mon amant, ou une espèce d’appariteur, dont je me servais dans mes conjurations. On ne pouvait rien lui faire avouer de mes pratiques secrètes : mais j’allais la nuit dans le cimetière déterrer des cadavres avec Deschartres ; je ne dormais jamais, je ne m’étais pas mise au lit depuis un an. Les pistolets chargés qu’André avait toujours dans les fontes de sa selle en m’accompagnant à cheval, et les deux grands chiens qui nous suivaient, n’étaient pas non plus une chose bien naturelle. Nous avions tiré sur des paysans, et des enfans avaient été étranglés