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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/71

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un suisse ; je ne sais par quelle suite d’aventures étranges elle était venue asseoir ses derniers beaux jours dans le banc des marguilliers de notre paroisse où elle avait apporté beaucoup plus des manières du régiment que de celles du cloître. Aussi la messe était-elle interrompue à chaque instant par ses bâillemens affectés et par ses apostrophes énergiques à M. le curé : « Quelle diable de messe, disait-elle tout haut. Ce gredin-là n’en finira pas ! — Allez au diable ! disait le curé à demi-voix, en se retournant pour bénir l’auditoire : Dominus vobiscum. »

Ces dialogues, jetés à travers la messe et dans un style si accentué que je ne puis en donner qu’une très faible traduction, troublaient à peine la gravité de l’auditoire rustique, et comme ce furent les premières messes auxquelles j’assistai, il me fallut quelque temps pour comprendre que c’étaient des cérémonies religieuses. La première fois que j’en revins, ma grand’mère me demandant ce que j’avais vu : J’ai vu, lui dis-je, le curé qui déjeûnait tout debout devant une grande table, et qui, de temps en temps, se retournait pour nous dire des sottises.

Le jour où Hippolyte fit sa première communion, le curé l’avait invité à déjeûner après la messe. Comme ce gros garçon n’était pas trop ferré sur son catéchisme, ma grand’mère, qui désirait que la première communion fût, comme elle le disait, une affaire baclée, avait prié le curé