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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/772

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l’abbé de Prémord, qui m’eût fortifiée et consolée. Je me confessai à un vieux bourru qui ne comprenant rien aux révoltes intérieures contre le respect filial dont je m’accusais, me demanda le pourquoi et le comment, et si ces révoltes de mon cœur étaient bien ou mal fondées.

« Ce n’est pas là la question, lui répondis-je. Selon ma religion, elles ne doivent jamais être assez fondées pour n’être pas combattues. Je m’accuse d’avoir soutenu ce combat avec mollesse. »

Il persista à me demander de lui faire la confession de ma mère. Je ne répondis rien, voulant recevoir l’absolution et ne pas recommencer la scène de La Châtre.

« Au reste, si je vous interroge, dit-il, frappé de mon silence, c’est pour vous éprouver. Je voulais voir si vous accuseriez votre mère, et puisque vous ne le faites pas, je vois que votre repentir est réel et que je peux vous absoudre. »

Je trouvai cette épreuve inconvenante et dangereuse pour la sûreté des familles. Je me promis de ne plus me confesser au premier venu, et je commençai à sentir un grand dégoût pour la pratique d’un sacrement si mal administré. Je communiai le lendemain, mais sans ferveur, quelque effort que je fisse, et encore plus dérangée et choquée du bruit qui se faisait dans les églises que je ne l’avais été à la campagne.

Les personnes qui entouraient ma mère étaient