Aller au contenu

Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/785

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Mme Angèle, bien qu’à vingt-sept ans elle eût les cheveux gris, était charmante. Elle manquait de grâce, ayant toujours eu la pétulance, la franchise d’un garçon, et la plus complète absence de coquetterie ; mais sa figure était délicate et jolie ; sa fraîcheur, qui contrastait avec cette chevelure argentée, rendait sa beauté très originale.

James avait la quarantaine et le front très dégarni, mais ses yeux, bleus et ronds, pétillaient d’esprit et de gaîté, et toute sa physionomie peignait la bonté et la sincérité de son âme.

Les cinq enfans étaient cinq filles, dont une était élevée par le frère aîné de James : les quatre autres, habillées en garçons, couraient et grouillaient dans la maison la plus rieuse et la plus bruyante que j’eusse jamais vue.

Le château était une grande villa du temps de Louis XVI, jetée en pleine Brie, à deux lieues de Melun. Absence complète de vue et de poésie aux alentours, mais en revanche un parc très vaste et d’une belle végétation : des fleurs, des gazons immenses, toutes les aises d’une habitation que l’on ne quitte en aucune saison, et le voisinage d’une ferme considérable qui peuplait de bestiaux magnifiques les prairies environnantes. Mme Angèle et moi nous nous prîmes d’amitié à première vue. Bien qu’elle eût l’air d’un garçon sans en avoir les habitudes, tandis