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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/788

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fond, et sur lesquels je ne la laisserais pas se tromper. Elle a eu confiance, elle est venue ; mais elle s’est ennuyée, et elle est partie. Je suis sûr qu’elle consentira très bien à vous laisser avec nous tant que vous voudrez. Y consentez-vous vous-même ? Vous nous ferez plaisir, nous vous aimons déjà tout à fait. Vous me faites l’effet d’être ma fille, et ma femme raffole de vous. Nous ne vous tourmenterons pas sur l’article du mariage. Nous ne vous en parlerons jamais, parce que nous aurions l’air de vouloir nous débarrasser de vous, ce qui ne ferait pas le compte d’Angèle ; mais si, parmi les braves gens qui nous entourent et nous fréquentent, il se trouve quelqu’un qui vous plaise, dites-le nous, et nous vous dirons loyalement s’il vous convient ou non.

Mme Angèle vint joindre ses instances à celles de son mari. Il n’y avait pas moyen de se tromper à leur sincérité, à leur sympathie. Ils voulaient être mon père et ma mère, et je pris l’habitude, que j’ai toujours gardée, de les appeler ainsi. Toute la maison s’y habitua aussitôt, jusqu’aux domestiques, qui me disaient : « Mademoiselle, votre père vous cherche, votre mère vous demande. » Ces mots en disent plus que ne le ferait un récit détaillé des soins, des attentions, des tendresses délicates et soutenues qu’eurent pour moi ces deux excellens êtres. Mme Angèle me vêtit et me chaussa, car j’étais en