Page:Sand - Impressions littéraires.pdf/18

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Je ne comprends pas plus l’assertion de Goethe se croyant imité, que les dénégations de Byron craignant d’être accusé d’imitation. D’abord la ressemblance des deux drames, quant à la forme, ne me paraît pas aussi frappante qu’il plaît à Gœthe de le dire. Cette forme n’est qu’un essai dans Faust, es sai magnifique, il est vrai, mais que l’on voit élargi et complété dans Manfred. Ce qui fait la nouveauté et l’originalité de cette forme, c’est l’association du monde métaphysique et du monde réel. Ces deux mondes gravitent autour de Faust et de Manfred comme autour d’un pivot. Ce sont deux milieux différents, et cependant étroitement unis et habilement liés, où se meuvent tantôt la pensée, tantôt la passion du type Faust ou du type Manfred. Pour me servir de la langue philosophique, je pourrais dire que Faust et Manfred représentent le moi ou le su jet ; que Marguerite, Astarté et toutes les figures réelles des deux drames représentent l’objet de la vie du moi ; enfin que Méphistophélès, Némésis, le sabbat, l’esprit de Manfred et tout le monde fantastique qu’ils trainent après eux, sont le rapport du moi au non moi, la pensée, la passion, la réflexion, le désespoir, le remords, toute la vie du moi, toute la vie de l’âme, produite aux yeux, selon le privilége de la poésie, sous des formes allégoriques et sous des noms consacrés par les croyances religieuses chrétiennes ou païennes, ou par les supersti