Page:Sand - Isidora, 1845.djvu/113

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— Oui, mais cela vous plaît moins, avouez-le.

— Ce jardin désert et dévasté avait son genre de beauté. Celui-ci a moins d’ombre et plus d’éclat. Je le crois moins humide désormais, et partant beaucoup plus sain pour Félix.

— Le jardin d’à côté est plus vaste et lui conviendrait beaucoup mieux. Malheureusement la porte de communication est fermée ; et il est à craindre qu’elle ne se rouvre jamais entre ma belle-sœur et moi.

— Votre belle-sœur, Madame ?…

— Eh ! oui, mademoiselle Isidora, aujourd’hui comtesse de S***. À quoi donc pensez-vous, M. Laurent ? Je vous ai déjà dit…

— Ah ! il est vrai ; je vous demande pardon, madame !…

Et Laurent perdit de nouveau contenance.

— Écoutez, mon ami, reprit Alice après l’avoir silencieusement examiné à la dérobée, vous avez, j’espère, quelque confiance en moi, et vous pouvez compter que vos aveux seront ensevelis dans mon cœur. Eh bien ! il faut que vous me disiez en conscience ce que vous savez… ou du moins ce que vous pensez de cette femme. Ce n’est pas une vaine curiosité qui me porte à vous interroger : il s’agit, pour