Page:Sand - Isidora, 1845.djvu/147

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Et elle l’entraîna.

— Je vais attendre monsieur ? dit le vieux Saint-Jean avec cet admirable accent de malicieuse bêtise qu’ont, en pareil cas, ces espions inévitables donnés par la civilisation.

— Non, répondit Jacques avec sa douceur et sa bonhomie ordinaires, laissez la clef, je vais la rapporter en revenant.

— En ce cas, je vais la mettre en dehors pour que monsieur puisse revenir.

Jacques n’écoutait plus. Emporté comme par le vent d’orage, il suivait Isidora, qui, parvenue au milieu du jardin, tourna brusquement du côté de la serre, et l’y fit entrer avec une sorte de violence.

Elle ne s’arrêta qu’auprès de la cuvette de marbre, et de ce banc garni de velours bleu, sur lequel elle s’était assise près de lui pour la première fois.

— Ne dites rien, Jacques ! s’écria-t-elle en le forçant de s’asseoir à ses côtés, ne préjugez rien, ne pensez rien, jusqu’à ce que vous m’ayez entendue. Je vous connais, je sais que des questions ne vous arracheraient rien ; je ne vous en ferai point. Je vois que vous avez de la répugnance à venir ici, de l’inquiétude et de l’impatience à y rester !… Je ne vous retiendrai pas longtemps. Je crois deviner… mais