Page:Sand - Isidora, 1845.djvu/230

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luttais contre vous… mais c’est que vous ne l’aimez pas… Pourtant, que sais-je ? votre langueur, votre mélancolie, cachent peut-être le même secret… Pardonnez-moi, je n’en dirai pas davantage, je vous respecte désormais au point de vous craindre. Voyez à quel point vous m’êtes sacrée ! La passion de Jacques pour vous était, pour moi, comme un reflet de votre image dans son âme, et, quoique je fusse en possession de son secret, jamais je n’ai osé le lui dire, jamais je n’ai osé vous combattre ouvertement et vous nommer à lui.

«Revoyez-le sans crainte et sans confusion. Il croit que le vieux Saint-Jean a brûlé son journal par mégarde. Il ne se doutera jamais que sa confession est entre vos mains. Ah ! c’est la confession d’un ange. Quel noble sentiment, Alice ! quelle ferveur mystérieuse, quel pieux respect ! n’en serez-vous pas touchée quelque jour ? J’aurais donné, moi, dix ans de jeunesse et de beauté pour être aimée ainsi, eussé-je dû ne l’apprendre jamais de sa bouche, et n’en recevoir même jamais un baiser furtif sur le bord de mon vêtement !

« C’en est fait ! je n’inspirerai jamais cette flamme sainte que j’ai follement rêvée. Autrefois je m’indignais contre mon sort, j’accusais le cœur de