Page:Sand - Isidora, 1845.djvu/47

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mur mitoyen ne se trouve jamais fermée en dehors à l’heure où je m’y présente ; je n’ai qu’à la pousser et je me trouve seul dans le jardin de ma voisine. Toujours muni d’un livre de botanique, je m’introduis dans la serre. Le jardinier et le jockey me prennent pour un lourd savant, et m’accueillent avec toutes sortes d’égards. Quand madame n’est pas là elle y arrive bientôt, et alors nous causons deux heures au moins, deux heures qui passent pour moi comme le vol d’une flèche. Cette femme est un ange ! On en deviendrait passionnément épris si l’on pouvait éprouver en sa présence un autre sentiment que la vénération. Jamais âme plus pure et plus généreuse ne sortit des mains du créateur ; jamais intelligence plus, droite, plus claire, plus ingénieuse et plus logique n’habita un cerveau humain. Elle a la véritable instruction : sans aucun pédantisme, elle est compétente sur tous les points. Si elle n’a pas tout lu, elle a du moins tout compris. Oh ! la lumière émane d’elle, et je deviens plus sage, plus juste, je deviens véritablement meilleur en l’écoulant. J’ai le cœur si rempli, l’âme si occupée de ses enseignements, que je ne puis plus travailler ; je sens que je n’ai plus rien en moi qui ne me vienne d’elle, et qu’avant de transcrire les idées qu’elle me suggère il faut que je m’en pénètre en