Page:Sand - Isidora, 1845.djvu/60

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éloquence je dois vous admirer ou vous plaindre.

— Eh bien ! dit-elle en se levant, consulte l’oracle ! Demande à Julie ce qu’elle doit penser du caquet de sa femme de chambre. Je te donne rendez-vous ici, à cette place et à cette heure, d’aujourd’hui en huit. Si tu n’y viens pas, je te regarderai comme vaincu, et je regretterai le temps que j’aurai perdu à provoquer un adversaire si faible.

Elle disparut. J’étais si accablé, que je ne songeai pas à la suivre. Puis je le regrettai aussitôt, et me mis à sa recherche, mais inutilement. Il y avait dans le bal plus de cent dominos à nœuds roses. Une ouvreuse de loges, avec qui je sus engager une conversation, m’apprit que les femmes comme il faut ne portaient jamais aucun ornement, et que leur costume était uniformément noir comme la nuit.

Cette femme m’a bouleversé le cerveau. Ô Julie ! j’ai besoin de vous revoir et de vous entendre pour effacer ce mauvais rêve, pour me rattacher à l’adoration fervente et inviolable de la clarté sans ombre et de la pudeur sans trouble.

8 janvier. — Un mauvais génie a présidé au destin de la semaine. Une fois je suis allé au jardin, elle n’a point paru ; une autre fois j’ai essayé de pénétrer dans l’enclos par le rez-de-chaussée ; les portes