Page:Sand - Isidora, 1845.djvu/66

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huit jours, de croire qu’il n’y a point de femmes qui méritent réellement cette épithète infamante. Si Isidora est une de ces femmes, et si vous êtes cette Isidora, j’éprouve pour vous…

— Eh bien, qu’éprouves-tu pour moi ? Dis donc vite !

— Le même sentiment qu’un dévot aurait pour une relique qu’il verrait foulée aux pieds dans la fange. Il la relèverait, il s’efforcerait de la purifier et de la replacer sous la châsse.

— Tu es meilleur que les autres, pauvre Jacques, mais tu n’es pas plus grand ! Tu vois toujours dans l’amour l’idée de pardon et de correction, tu ne vois pas que ton rôle de purificateur, c’est le préjugé du pédagogue qui croit sa main plus pure que celle d’autrui, et que la châsse où tu veux replacer la relique, c’est l’éteignoir, c’est la cage, c’est le tombeau de ta possession jalouse ?

— Femme orgueilleuse ! m’écriai-je, tu ne veux pas même de pardon ?

— Le pardon est un reproche muet, le mépris subsiste après. Je donnerais une vie de pardon pour un instant d’amour.

— Mais le mépris revient aussi après cet instant-là !